Diététique Traditionnelle Chinoise

Notions essentielles de diététique en Energétique Traditionnelle Chinoise

Nos habitudes diététiques ont profondément évolué et posent de nouveaux défis de santé. Voici ce que l’Energétique Traditionnelle Chinoise peut nous apprendre pour adapter notre alimentation aux temps actuels.

Ne lisez donc pas cet article comme une somme de prescriptions, rien n’est interdit de manière absolue. Il est conçu pour expliquer, faire prendre conscience de l’importance du sujet et aider à améliorer l’alimentation pour soutenir votre santé et votre bonheur...

Un peu d'histoire alimentaire

Depuis 150 ans, l’évolution des modes et rythmes de vie et de travail, l’industrialisation et la consommation de biens et services, ont conduit à de profonds changements des habitudes d’alimentation. Nous consommons par exemple en France 47 fois plus de lait qu’avant la seconde guerre mondiale ; nous mangeons environ deux fois plus de viande, de sucre et beaucoup moins de légumineuses et légumes qu’il y a quelques décennies. L’agriculture et la préparation des aliments ont radicalement changé.

« Nous sommes ce que nous mangeons » disait Hippocrate. Il y a un consensus de tous les arts médicaux sur l’importance de l’alimentation comme facteur essentiel de santé. Aujourd’hui, différentes écoles de diététique apportent chacune un support à cet art complexe de maintenir la santé des êtres vivants. Dans cet article, nous nous concentrons sur la diététique vue par l’Energétique Traditionnelle Chinoise. L’Empire du Milieu privilégie la mesure et le raisonnable à des excès de toute nature, cela s’est également transcrit dans la diététique.

Quelle importance revêt la diététique pour la santé ?

Le système médical traditionnel chinois fait de la diététique un pilier complet de son art, au même titre que l’acupuncture (médecine traditionnelle par les aiguilles) ou que la pharmacopée. Nous n’en présentons ici que quelques notions essentielles, certains praticiens sont spécialisés dans l’art de soigner par les aliments.

Histoire: on peut comparer l’alimentation au principal carburant du corps : ce qui lui permet de vivre, penser, se défendre, s’adapter, agir, etc

Dans une maison conçue pour de l’électricité en 220V, mais alimentée en électricité 110V, la plupart des appareils électriques ne fonctionnent pas et d’autres très faiblement. 

Si on compare le corps mal alimenté à cette maison, lui ne peut pas se permettre de ne pas fonctionner, alors il va dégrader son fonctionnement pour survivre. Lorsqu’il reçoit une nourriture déséquilibrée, insuffisante ou vidée de son énergie, il doit s’adapter : ralentir des fonctions et souvent tomber malade.

Le corps de l’homme est conçu pour vivre dans un environnement varié, aux climats changeants, aux relations et évènements divers, comprenant des agressions physiques, bactériennes et virales, des moments de sécurité et d’autres de stress. Il puise ses ressources dans ses gènes, la nourriture qu’il reçoit, l’air qu’il respire et les relations qu’il peut développer. La nourriture est essentielle à assurer le fonctionnement physique et psychique du corps. 

Histoire: on peut aussi comparer les effets d’un régime déséquilibré en gras, sucre et laitages à un feu de bois dans lequel on brûle du pin humide et vert : cela produit à une fumée dense, encrassante, qui dépose une suie lourde et collante. Cette fumée poisseuse ressemble aux effets du régime riche en lipides et glucides assez répandu actuellement. Il génère fréquemment surcharge pondérale et difficultés cardiovasculaires, hormonales, articulaires, lymphatiques, etc.

Les évolutions galopantes de notre société, la multiplicité des publicités, les écoles et gourous divers ont conduit la plupart d’entre nous à une perte de repères sur ce qui convient au corps pour le maintenir en santé. L’objet de cet article est de rappeler des fondamentaux établis de longue date par la Médecine Traditionnelle Chinoise. Il existe bien d’autres approches qui donnent de bons résultats. Ici on se cantonnera à l’approche traditionnelle chinoise, adaptée à notre civilisation.

Quelle est la physiologie énergétique du corps?

Le cycle de l'énergie

La source principale d’énergie[1] du corps
provient de l’alimentation et de la capacité d’assimilation. L’air respiré va
oxyder l’énergie, les climats vont rythmer la vie en imposant des activités
saisonnières, l’environnement, la génétique et les relations jouent également
un rôle dans le cycle de l’énergie.


[1] L’énergie est ce qui rend vivant les tissus du corps, assure leur contention,
leur nourriture, leur défense, le transport des nutriments et déchets
métaboliques. 

Selon la Tradition Chinoise, ce cycle énergétique est structuré en 3 étages :

  • Une production de l’énergie à partir des apports reçus de l’environnement extérieur au corps : il s’agit ici de l’image d’un chaudron digestif qui va transformer l’alimentation, l’air, les relations, etc. en énergie disponible et bénéfique au corps. On parle ici des trois foyers du corps.
  • Une distribution de l’énergie qui peut s’assimiler à une génération des tissus du corps et des méridiens ; l’énergie produite par les trois foyers est distribuée par les 8 merveilleux vaisseaux, sorte d’autoroutes énergétiques qui trament le corps et le régénèrent.
  • Une utilisation de l’énergie qui permet de vivre dans le monde tel que nos sens le perçoivent. Elle maintient la santé du corps et le défend contre les agressions. Elle assure la vie : activités physiques, intellectuelles et relationnelles. Dans cet étage d’utilisation, les Chinois ont structuré l’énergie autour de méridiens qui sillonnent le corps en surface et en profondeur et de 5 éléments (bois, feu, terre, métal, eau) qui donnent la qualité et l’équilibre des énergies en présence.

Aucun des étages énergétiques ne fonctionne indépendamment de l’autre. L’ensemble forme un tout qui s’autorégule, et dont le carburant physiologique principal est l’alimentation

Comment l’aliment devient-il énergie ?

Examinons la physiologie des deux fonctions énergétiques essentielles de digestion sont l’Estomac et la Rate/pancréas :

  • L’Estomac (fonction énergétique) commence à la bouche et se finit au milieu du duodénum. Sa fonction est de transformer le bol alimentaire en « bouillie » digérable ; ceci par la mastication, l’adjonction de salive et de sucs gastriques qui catalysent les diverses substances alimentaires afin qu’elles deviennent assimilables par le corps. Pour fonctionner, l’Estomac a besoin d’humidité et de chaleur. Dans sa physiologie énergétique, on dit que l’Estomac descend, il pousse le bol alimentaire vers le bas pour qu’il soit trié et assimilé. 
  • La Rate/pancréas est une fonction d’assimilation de l’énergie issus de l’alimentation. Elle ne correspond pas vraiment à la Rate anatomique mais plutôt au pancréas et au début de l’intestin grêle. Elle a un mouvement physiologique ascendant, Les textes nous expliquent qu’elle va monter l’énergie subtile vers le poumon qui la diffuse à tout le corps. On nous met en garde contre le fait que la Rate a horreur de l’humidité[1]. Pour la médecine chinoise, la Rate est un des trois organes trésors du sang (elle nourrit le sang et assure sa contention dans les vaisseaux). Elle a besoin de chaleur et d’énergie pour fonctionner. 

De nombreuses autres fonctions énergétiques du corps entrent en jeu dans la transformation des aliments en énergie : l’intestin grêle va trier le pur de l’impur, le foie va filtrer les toxiques et stocker le sang, etc. On se limite ici à des notions simples permettant de comprendre l’importance de la diététique pour le cycle énergétique et donc la santé.


[1] L’humidité en médecine traditionnelle chinoise est une production pathogène de liquides & de mucosités de toutes sortes : glaires, athérome, lipomes, œdèmes lymphatiques, etc. Pour en savoir plus.

Histoire : Monsieur Challengo 54 ans a un appétit débordant et une activité sportive intense pour maintenir son poids et sa santé. Il mange beaucoup et boit depuis 25 ans de l’eau glacée à tous les repas. Normand d’origine, il consomme des laitages, aime le sucre et les céréales et mange très peu de légumes et de fruits. Depuis plusieurs années son estomac est un peu douloureux après manger, il est sujet à des diarrhées, et a remarqué qu’il avait quelques difficultés de concentration. La semaine dernière, à la suite d’un malaise, on lui a posé plusieurs stents cardiaques car ses artères étaient encombrées de plaques d’athérome. Que s’est-il passé ? Le régime alimentaire de Monsieur Challengo est très humidifiant et refroidissant. A la longue, cela crée une production d’humidité et mucosités qui vont se manifester un peu partout dans le corps (selles, esprit, etc.) avant d’atteindre des couches profondes comme les artères.

Dérèglements énergétiques de l’Estomac: lorsque l’Estomac est perturbé, il peut fonctionner à contre-courant (quand on a des rejets gastriques par exemple), il peut être froid (et l’assimilation devient alors difficile), ou chaud (il brûle), ou plein (on a trop mangé), ou en stagnation (stress, gaz), ou blessé (en cas d’ulcère) ou manquer d’énergie (plus d’appétit, bouche sèche, etc.).

Dérèglements énergétiques de la Rate/pancréas: la Rate peut être perturbée par un manque d’énergie (ballonnement, essoufflement), un effondrement de l’énergie (descente d’organes), un manque de chaleur (l’assimilation devient très difficile). La Rate déficiente peut générer des hémorragies, et des descentes d’organes. 

Lorsque la Rate est lésée par une alimentation inadéquate, elle produit de l’humidité pathogène qui peut former des mucosités et qui provoque de nombreux dysfonctionnements : arthrose, obésité, diarrhées, fatigue, lourdeur, perte de concentration, problèmes cardio-vasculaires, lymphatiques, neurologiques, etc.

Les dérèglements alimentaires peuvent donc influencer de manière très significative l’état de santé, jusqu’à conduire à des situations compliquées (épilepsie, crise cardiaque, atteintes neurologiques, etc.). L’objectif de cet article est de donner des éléments de compréhension et des pistes pour adapter son alimentation et maintenir sa santé.

Gardons en tête que chacun a ses forces et ses faiblesses. Une personne à l’appareil digestif fragile devra composer différemment d’une autre au système cardio-vasculaire sous tension.

 

Dans cet article, on s’efforce d’expliquer, pas de prescrire. En toute chose, il faut mesure garder. Aucune interdiction absolue, des directions, une prise de conscience des enjeux diététiques et de santé, pour vous aider selon vos besoins.

A savoir : si les changements alimentaires sont très difficiles car partie de notre culture personnelle historique, ils sont également extrêmement bénéfiques et rapides pour rétablir la santé.

Selon l’Energétique, une bonne alimentation, c’est quoi?

Quels aliments choisir ?

Les anciens chinois ont réalisé un travail très détaillé de classification de tous les aliments selon leur saveur (acide, piquant, amer, doux, salé), leur mouvement (ascendant, descendant, centrifuge, centripète), leur nature (froide ou chaude), leur couleur, leur forme, etc. Ce travail permet d’adapter les aliments à la saison (on ne mange pas les mêmes aliments selon les climats extérieurs, la durée du jour, etc.). Il permet également de réaliser des régimes alimentaires spécifiques qui peuvent enrichir en certaines saveurs ou natures, afin de rééquilibrer une alimentation ou de combattre une pathologie.

Histoire : Mademoiselle Naturon a appris d’une amie que le foie est la source de nombreuses difficultés digestives et que d’après la médecine chinoise, le citron draine le foie. Faire une cure de jus de citron est très recommandé en détox, d’ailleurs son amie s’en félicite. En effet, la saveur acide est associée au foie en Energétique Traditionnelle Chinoise. Mais dans le détail, le mouvement énergétique physiologique du foie est l’extériorisation (va vers l’extérieur, un mouvement centrifuge). Le citron est de saveur astringente : il provoque un mouvement centripète, de resserrement, vers le centre. Donc, il a un mouvement inverse ! Solliciter un foie en bonne
santé avec du citron peut dynamiser son mouvement centrifuge (c’est probablement ce que son amie à ressenti). Mais sur un foie épuisé, le citron accable encore davantage le foie et risque au contraire de le blesser.

Nous pourrions développer énormément ces notions de classification, mais c’est vraiment une affaire de spécialiste. Retenons qu’abuser d’une saveur, couleur, nature, ne peut être recommandé que par un expert pour une raison déterminée et que l’excès est plus souvent nuisible que bénéfique. Pour plus d’information 

A savoir : les aliments complets sont plus riches que les aliments raffinés. Donc, ils sont moins digestes. Ils conviendront à des personnes ayant un système digestif solide, et seront à éviter dans le cas contraire au risque de les affaiblir encore davantage

Qu'est-ce que le Jing d'un aliment ?

Pour les anciens Chinois le « Jing » de l’aliment, c’est la vie, la ressource, l’énergie que l’aliment va apporter. Nous avons tous observé une carotte parfaitement fraiche tout juste sortie de terre et une autre restée 2 semaines au fond du réfrigérateur et flétrie. La seconde n’a plus beaucoup de Jing.

Le Jing est l’énergie potentielle de l’aliment. Les qualités gustatives et nutritives dépendent du Jing. Une viande élevée en plein air, un fruit cueilli à maturité, un poisson sauvage, un blé ancien poussé avec le minimum de fertilisant ou encore une salade sauvage vont regorger de Jing. Ces produits ne présenteront pas de qualité de conservation, mais auront des qualités nutritives et gustatives exceptionnelles.

A contrario, un aliment modifié chimiquement ou même génétiquement pour des considérations productives (taille, poids, aspect et surtout prix), cultivé à contre saison, hors sol à l’aide de nutriments artificiels, ne dispose que de peu de Jing. Il a l’aspect, un goût approchant l’aliment, mais ne peut apporter l’immense variétés de qualités que son cousin précédent présente.

Enfin, le Jing appartient à l’aliment. Il disparait lorsque l’aliment est découpé, conservé, transformé de manière importante.

A savoir : Les fruits et légumes exotiques poussent dans des pays chauds. Ils sont souvent très riches en vitamines car ils constituent un aliment de base dans ces pays. Ils sont toutefois de nature froide. Par exemple les agrumes, bananes, ananas sont très « froid ». En manger quotidiennement apporte une source de fraicheur à l’estomac. Pour les personnes fragiles au niveau digestif, cela pose dans la durée de grandes difficultés. Préférons leur les fruits qui poussent sous nos climats .

Quels effets de la conservation sur les aliments?

Il existe de nombreuses méthodes de conservation des aliments : séchage, fumage, lactofermentation, salage, conserverie, réfrigération, congélation, etc. Toutes sont moins bénéfiques que l’aliment frais, et à la fois indispensable à sa conservation. L’Energétique Traditionnelle Chinoise nous oriente : la conserve porte l’aliment à haute température et détruit le Jing. La congélation apporte un froid que l’aliment va conserver même après chauffage et cuisson. Les salage, fumage et lactofermentation modifient les saveurs des aliments. Retenons que la réfrigération et le séchage préservent tant bien que mal le Jing sans trop modifier la nature des aliments.

Le Jing des aliments à travers deux exemples :

  • Une huitre pêchée il y a deux jours et vendue au marché local aura un fort goût d’iode, elle vous apportera un Jing du Rein très significatif.
  • Le poivron rouge que vous découpez pour un apéritif entre amis fin novembre (alors que les poivrons poussent l’été) a nécessairement été cultivé sur des fertilisants, dans un pays ensoleillé et transporté jusque chez vous (conservation longue). Son Jing sera faible. Si vous le découpez la veille pour gagner du temps, il n’aura quasiment plus aucun intérêt nutritif.

Quelles proportions des aliments dans un repas ?

Voici quelques indications générales de la tradition chinoise sur la constitution de l’assiette en quantité :

  • Les légumes apportent beaucoup de vitalité et de substances subtiles au corps. Ils devraient constituer en moyenne plus de 30% de notre assiette.
  • Les céréales apportent la matière et devraient constituer 50% de notre assiette.
  • Les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots blancs, etc.) devraient réapparaitre à hauteur de 5 à 10% de notre assiette.
  • Les viandes et poissons ne devraient excéder 8% de l’assiette (un peu plus l’hiver et moins l’été)
  • Les œufs sont recommandés à hauteur de 3 par semaine.
  • Les produits laitiers (voir détail plus bas) peuvent être totalement supprimés ou consommés jusqu’à environ 10cl par jour. Ils sont difficiles à associer et il est donc recommandé de les consommer en dehors des repas de préférence. Des peuples entiers vivent sans lait.
  • Les fruits de saison apportent vitamines et minéraux. Ils sont à consommer en dehors de repas car acides, ils sont difficiles à associer.
  • Les graisses sont indispensables à hauteur d’environ 2 cuillères à soupe par jour.
  • Les épices et condiments réhaussent le goût, stimule le système digestif et peuvent le réchauffer.

D’une saison à l’autre les proportions des ingrédients varient : on mange davantage cru et frais l’été quand la chaleur ambiante le nécessite, on mange plus de viandes et poissons l’hiver au moment de reconstituer ses ressources.

Cette sélection des aliments est un art à part entière. Retenons qu’il est toujours préférable de manger des aliments de la saison dans laquelle nous sommes.

A savoir : Certains (mélanges) aliments créent de l’humidité qui génèrent à terme des difficultés importantes pour le corps (arthrose, pertes de concentration et mémoire, lipome, épilepsie etc.) :

  • Les fruits frais apportent des vitamines et sels minéraux. Ils sont toutefois acides et provoquent des interactions détonantes avec le reste du bol alimentaire. Il convient d’éviter de les manger durant les repas, il est préconisé de les déguster en fin d‘après-midi.
  • Les produits laitiers sont extrêmement riches et humidifiant. Ils sont indiqués pour des grandes faiblesses avec sécheresse du corps, amaigrissement. Actuellement présents dans de nombreuses préparations, ingérés en grandes quantité, ils contribuent à entraver la digestion et génèrent indirectement de nombreuses pathologies.
  • Le mélange de saveurs sucrée et acide est incompatible à la digestion. Très présents dans notre civilisation (jus de fruits, confitures, tomate, sodas), il génère de nombreux problèmes de santé.

Concernant l’association des aliments, un moyen simple de sélectionner les aliments d’un repas sain est d’utiliser les couleurs. Toutes les couleurs doivent être représentes pour assurer l’hétérogénéité de l’assiette et des apports nutritifs. C’est une peu simpliste, mais c’est une excellente direction pour diversifier son régime alimentaire, assurer le plaisir de manger et maintenir sa santé.

Quelles méthodes de préparation ?

L’homme a commencé par être chasseur cueilleur et par manger cru. Puis, avec l’arrivée du feu, il a cuit les aliments et s’est mis à manger davantage de viande et de céréales qui doivent être bien cuites pour être digestes.

L’Energétique Traditionnelle Chinoise enseigne que ce qui n’est pas cuit à l’extérieur du corps doit être cuit à l’intérieur en utilisant l’énergie thermique du corps. Manger (ou boire) trop cru et trop froid épuise le système digestif. Par exemple, les crudités devraient être particulièrement mâchées, un verre d’eau chaude en fin de repas permettrait de compenser le manque de calories, on évitera glace et glaçons hormis par temps de canicule. Le risque est de blesser le foyer digestif, qui ne parvient plus à réchauffer le bol alimentaire, le système digestif est entravé par l’humidité et génère des mucosités qui vont provoquer en chaîne diverses pathologies.

Le feu permet de fumer, faire bouillir un chaudron, chauffer un four, griller, etc. Les Anciens Chinois ont classé l’ensemble des effets des modes de cuisson des aliments sur le corps. Par exemple, la carbonisation a des propriétés hémostatiques (arrête les hémorragies). Les technologies de préparation ont évolué depuis 150 ans avec l’arrivée du gaz, de l’électricité et des micro-ondes.

Si l’Energétique Traditionnelle Chinoise n’a pas beaucoup de recul clinique sur les effets de ces dernières technologies, elle peut d’ores et déjà classer les modalités principales de préparation selon quelques préceptes théoriques. On les présente ici par ordre de préférence décroissante :

La cuisson rapide au wok ou à la poêle creuse

Les aliments frais sont découpés en petits morceaux dans un minimum d’huile qui les enrobe, saisit l’extérieur et conserve le Jing en interne. La cuisson est rapide, les aliments son suffisamment cuits pour être digestes et présentent le maximum de Jing.

La cuisson vapeur douce (cuit vapeur, couscoussier)

Cette cuisson préserve les aliments de surchauffe, de mouvements et permet une cuisson lente dont on peut doser la profondeur en fonction du temps de cuisson. Trop longue elle finit par détruire le Jing de l’aliment.

La cuisson à l’eau (soupe et casserole)

Les soupes sont très riches en Jing qui se dissout dans le bouillon. La cuisson à l’eau perdue (passage dans une passoire) est moins bénéfique.

Le mijoté

La cuisson lente des aliments permet un savoureux mélange des saveurs en conservant le Jing dans l’ensemble du ragoût.

La cuisson au grill (barbecue à flamme directe, grill)

Le grill caramélise l’aliment modifie sa nature en surface et préserve l’aliment en profondeur. Il est réchauffant et il convient mieux à des temps froids, et est plutôt déconseillé aux personnes déjà très Yang.

Le sauté

Cette cuisson dans de l’huile chaude est échauffante et doit être évitée pour les personnes déjà en excès de chaleur.

La cuisson sous pression (cocote minute)

Cette cuisson a été inventée pour des aspects pratiques (rapidité). Elle présente l’inconvénient de surchauffer les aliments et la conservation du Jing est plus faible.

La friture

La friture serait assez similaire au wok si ce n’est qu’elle imprègne les aliments d’une grande quantité d’huile qui va générer des mucosités. Il convient de limiter les quantités d’aliments frits pour cette raison.

La cuisson au micro-onde

Cette technologie récente agite les molécules d’eau de manière très importante et permet de chauffer en un temps record. Sa cuisson est très violente, de facto très peu uniforme avec les appareils bon marché du commerce. Sans entrer dans un débat sur les bénéfices et inconvénients, selon la médecine traditionnelle chinoise, l’hétérogénéité de la chauffe conduit à éviter cette technologie pour cuire des aliments.

A savoir: en plus du mode de cuisson, la préparation des aliments peut conserver le Jing transmis par l’aliment au corps. On retiendra plusieurs éléments essentiels :

  • La découpe des aliments doit se faire au dernier moment pour éviter la déperdition rapide du Jing lorsque l’aliment est oxydé par l’air. Les moyens de conservation sous azote et au réfrigérateur / congélateur permettent de ralentir la perte du Jing.
  • Les céréales devront être toujours bien cuites pour être digestes. Par exemple les mueslis peu cuits sont peu digestes. S’ils sont additionnés de sucre et oléagineux (noix), et malgré la présence de nombreux aliments de qualité, le mélange préparé, souvent associé à un laitage, entrave le système digestif.

Quelles modalités pratiques pour s'alimenter ?

Quand s'alimenter ?

Le corps humain travaille physiquement et intellectuellement dans la journée et dépense l’énergie apportée par l’alimentation. La nuit, l’Energétique Traditionnelle Chinoise nous enseigne que l’activité du corps s’inverse, le Yang n’est plus à l’extérieur, il entre dans le Yin : le cerveau archive les souvenirs, les organes sont nettoyés et régénérés, le sang retourne au foie. Durant la nuit, l’énergie de défense se préoccupe de l’interne et non de défendre la surface, il faut se couvrir car le corps ne chauffe plus autant l’extérieur. L’activité digestive d’assimilation de la nourriture est très ralentie la nuit au profit des processus internes.

Notre capacité à fabriquer de l’énergie pour assurer la santé de notre corps est maximale le matin et décroît dans la journée. Les repas pris le soir sont digérés lentement en raison de l’activité interne. 

Le cycle d’alimentation est souvent résumé par : « manger le matin comme un prince, le midi comme un marchand et le soir comme un pauvre. »

Quid des différents repas ?

Le petit déjeuner est un repas très important d’après les Anciens Chinois qui étaient pour l’essentiel des paysans qui affrontaient les climats et travaillaient physiquement. Il reste important aujourd’hui de manger le matin pour faire face aux activités intellectuelles et physiques. Notre cerveau consomme plus de 20% de notre énergie. Toutefois voici quelques éléments clés pour ce repas si particulier en France :

  • Un petit déjeuner doit satisfaire à tenir jusqu’à midi selon l’activité de la personne sans l’épuiser, ni la surcharger. L’idéal selon les Chinois est qu’il soit chaud, salé, chargé de légumes, de céréales et de protéines. Les protéines animales sont longues à digérer, et se consomment le matin et le midi. Des œufs, des céréales cuites comme un gruau réchauffé ou des restes de repas de la veille pourront combler les appétits féroces des petits et grands, les calant jusqu’au déjeuner. Nos amis anglais et allemands procèdent ainsi.
  • Le petit déjeuner à la française pain beurre café au lait et jus d’orange cumule à peu près tous les problèmes digestifs possibles sans apporter l’énergie nécessaire à démarrer la journée. Le lait mélangé au café est très indigeste, le sucre et l’acide mélangés au pain sont un mélange peu digeste et l’orange va refroidir le tout. Hormis le pain (qui est souvent blanc), ce menu typique n’apporte pas l’énergie recherchée. Il ouvre au contraire l’appétit et donne la fringale de 9h qui pousse au grignotage indispensable pour tenir.
  • Nous avons abordé plus haut l’importance de la qualité des aliments : le petit déjeuner souffre du peu de temps qu’on lui consacre : On y trouve dans beaucoup de familles des produits très industrialisés sans aucun apport en Jing, l’emploi de laitages (qui ajoutent gras et humidité), et l’utilisation de mueslis qui peuvent former des mélanges parfois indigestes.

Le déjeuner souffre quant à lui du peu de temps qu’on lui octroie dans le monde du travail. Les salades toutes prêtes industrielles ne vous apporteront que peu de Jing et vont fatiguer votre système digestif dans la durée. Manger chaud autant que possible et boire chaud en fin de repas pour aider votre corps à digérer.

Le dîner est souvent un repas de regroupement familial. Il ne devrait pas être pris trop tardivement pour permettre au corps d’avoir digéré l’essentiel avant le coucher. Il devrait être léger, à base de légumes, chaud et sans protéine animale. S’il est tardif et plus lourd (car seul repas préparé de la journée par exemple), l’activité nocturne du corps sera perturbée, la digestion incomplète au matin et l’appétit faible au réveil. Nous sommes nombreux dans notre civilisation à vivre selon ce rythme.

A savoir : le grignotage est assez répandu dans notre civilisation occidentale. La proposition de nourriture est abondante dans tous les espaces de vie. A chaque prise de nourriture, l’ensemble du système digestif se remet en fonctionnement. Le grignotage épuise l’estomac et la rate par la fréquence de l’ingestion de nourriture. De plus les produits de grignotage sont souvent sucrés et/ou gras et représentent un excès inutile qui conduit à des surcharges pondérales. C’est une habitude qu’il faut combattre absolument par une amélioration des repas, et dans les cas extrêmes, un traitement des addictions.

Quel contexte pour s'alimenter ?

Histoire : Mme Directrissima dirige une entreprise de 25 personnes, a 3 enfants qui ont plusieurs activités, fait de la natation deux fois par semaine, est engagée en politique et a ses deux parents dépendants à charge. Autant vous dire que l’agenda est bien rempli. Les relations avec son mari se sont malheureusement dégradées et une nouvelle recrue de son entreprise lui pose de grosses difficultés relationnelles. Lorsque la famille se met à table, il n’est pas rare, qu’une dispute éclate parfois sur des sujets futiles ou que son esprit soit préoccupé par quelque sujet épineux. Le repas familial est donc devenu tendu, rapide et silencieux. Elle se plaint de troubles digestifs et intestinaux.

Le cadre du repas aide le corps à profiter pleinement des apports en énergie que vous lui réservez. Une belle assiette, sur une belle table, dans une ambiance détendue va permettre à votre corps de profiter totalement de l’apport du repas. Vos yeux vont profiter de l’esthétique de l’assiette et des convives, votre nez va préparer votre système digestif à ce qu’il va manger, la bouche va détecter les saveurs et informer les organes internes de ce qu’ils vont recevoir, votre cœur va vous emplir d’énergie. Le repas est l’aboutissement de votre préparation alimentaire, le cadeau que vous faites à votre corps.

Quelques sujets contemporains

Consommer des laitages pour son apport en calcium?

La Médecine Traditionnelle Chinoise classe le lait (et ses dérivés, le fromage étant du lait concentré) en aliment neutre et le recommande en cas de grande fatigue et de faiblesse généralisée car il est très gras et riche (c’est un aliment qui fait, à lui seul, grandir un veau de plusieurs centaines de kilos en quelques mois !). Il est cependant proscrit pour les personnes en bonne santé ou dont le système digestif est affaibli.

Actuellement, les laitages sont souvent recommandés pour les personnes qui souffrent ou risquent d’être en déficit de calcium (ostéoporose, consolidation osseuse, etc). Le calcium est présent dans des aliments  plus faciles à digérer que le lait, tels que les oléagineux (noix), légumes, algues, légumineuses, poissons, fruits, etc. Le lait, s’il est le plus riche en calcium, est aussi le plus gras (autant de graisses saturées dans un verre de lait entier que dans trois tranches de lard). Ainsi le lait peut-il  saturer le système énergétique Rate / Estomac qui assimile mal  les nutriments… dont le calcium. 

En pratique, les conséquences d’un régime contenant des laitages sont suffisamment importantes pour que l’Energétique Traditionnelle Chinoise recommande d’éviter les laitages dans la grande majorité des cas.

Que penser de l'obésité en énergétique chinoise

Cette tendance de surpoids s’est développée ces dernières décennies. Si quelques cas relèvent de la génétique, maladies ou traitements, l’immense majorité des cas provient d’un régime alimentaire déséquilibré en sucres, graisses raffinées, mélanges d’acide et de sucre qui affaiblissent le système digestif et provoquent la formation d’humidité et de mucosités. 

Les recommandations de l’Energétique Traditionnelle Chinoise porteront sur une modification de l’alimentation et un éventuel traitement contre les addictions.

Pour en savoir plus sur l’analyse de phénomène par la Médecine Traditionnelle Chinoise, reportez vous à l’article de Philippe SIONNEAU

Quelle approche du végétarisme par l'Energétique Chinoise ?

On rencontre deux types de personnes végétariennes : celles qui ne supportent pas l’aspect et l’odeur de la viande depuis leur enfance, et celles (les plus nombreuses actuellement) qui ont décidé par conviction ou par goût de pratiquer un régime végétarien.

L’Energétique Traditionnelle Chinoise n’aborde pas spécifiquement ces situations dans les textes anciens. Toutefois, l’expérience clinique permet de constater qu’une grande partie des personnes qui appliquent ce régime sont en déficit d’énergie (frilosité, fatigue chronique, problèmes digestifs, maigreur, fragilité ORL, etc.) et ce, malgré une plus grande attention à leur santé. Ceci s’explique souvent par des compensations alimentaires comme le fait de manger cru et froid (blesse la chaleur du foyer digestif), de grandes quantités de fruits (de nature fraîche et acide tels que banane, oranges), une tendance à consommer beaucoup de céréales peu cuites, de fruits secs et d’oléagineux qui provoquent de l’humidité chaleur et du lait en excès (vache ou soja) qui produisent de l’humidité.

Leur système digestif n’est souvent pas assez puissant pour supporter toutes ces compensations qui coûtent en énergie. L’énergie s’épuise et le corps s’affaiblit, de nombreuses déficiences énergétiques s’installent. La recommandation est de revenir à des principes diététiques plus équilibrés en mangeant chaud, des céréales cuites, des légumineuses qui apportent des protéines indispensables, de limiter les fruits et les laitages de toutes sortes.

A savoir : la question du jeûne est fréquente dans notre société, souvent pour des questions de prise de poids, de détox / bien être digestif, de développement personnel. En Energétique Traditionnelle Chinoise, le jeûne n’est pas conseillé, une alimentation équilibrée et saine l’est. En pratique, on s’aperçoit que le jeûne intermittent du matin est souvent une manière de laisser le corps digérer le dîner riche et tardif de la veille. Il donne une impression de détox car il évite les cafés au lait et jus d’orange, pain et confiture difficiles à digérer. L’Energétique Traditionnelle Chinoise va chercher à rétablir l’état du système digestif et à retrouver le cycle de repas décrit ci-dessus qui assure énergie et santé au corps. Le jeûne reste exceptionnel et réservé à des personnes en bonne santé.

Boire beaucoup ?

L’Energétique Traditionnelle Chinoise est assez claire dans le domaine des quantités et de la qualité des boissons : boire chaud ou tempéré, à la fin du repas, en petite quantité et ne boire davantage que si les urines sont foncées, la bouche sèche et la sensation de chaleur clairement présente. Dans tous les autres cas éviter les boissons. Notamment, si lorsque vous buvez, vous urinez rapidement, une quantité équivalente à ce que vous avez bu, vous ne faites qu’épuiser votre énergie digestive et rénale. En dehors de pathologies très particulières, il est donc recommandé de ne boire que modérément, chaud et en fin de repas.

Et le café?

Bien que peu étudié Energétique Traditionnelle Chinoise (peu consommé en Chine), on le classe comme doux, amer et tiède ; il réveille le cerveau, favorise la diurèse (urine) et l’évacuation par les selles. Il est indiqué pour la confusion mentale, la constipation et les œdèmes. Il est fréquemment employé dans les médicaments occidentaux (antalgiques notamment). 

On dit du café que, s’il était découvert de nos jours, il serait difficile à autoriser en tant qu’aliment par les autorités sanitaires. Il est plus considéré comme un excitant que comme un tonique qui nourrit les tissus. Retenons que cette substance peut aider à dose faible, tout en étant néfaste à forte dose.

Finissons par le thé...

Le thé est nettement plus bénéfique à la santé que son cousin le café. Il est très répandu en Asie et largement étudié par l’Energétique Traditionnelle Chinoise. Il éclaircit l’esprit, traite la chaleur, dissipe les stagnations d’aliments, favorise la diurèse, arrête la diarrhée et dissout les mucosités. 

On retiendra que le thé doit être choisi le moins transformé possible ; le thé blanc étant supérieur au vert, lui-même supérieur au thé noir (fermenté). On évitera le thé lors de la grossesse, en cas d’insomnie et de mictions fréquentes quand on en boit. Notons que le thé annule l’effet tonifiant du Gingseng. Enfin, il faut éviter de le boire en mangeant mais le préférer hors des phases digestives.

Des études occidentales sur le thé concluent à un effet préventif bénéfique contre les maladies cardio-vasculaires, les cancers et AVC. 

Pour résumer, à retenir...

A privilégier

Manger le matin et le midi, moins le soir.

Préparer des repas de produits frais, locaux, de saison, coupés fins, de préférence cuits et chauds.

Manger à heure fixe, dans le calme et en prenant plaisir à déguster les aliments.

Mélanger toutes les couleurs, saveurs avec des épices pour parfumer.

30% de légumes, 50% de céréales et 8% de légumineuses ou viandes. Max 10cl/j de laitage.

Boire chaud et en fin de repas.

A éviter

Grignotages de tous types (ils épuisent l’estomac).

Le cru et le froid (l’estomac doit les chauffer), les laitages, sucres rapides et graisses raffinés / fritures qui créent de l’humidité.

Déséquilibre des saveurs et aliments : excès de sucre, viande, boisson acide et laitage.

Recours intensif aux plats cuisinés et à l’alimentation industrielle (très peu de Jing).

Cuisson au micro-onde.

Bibliographie :

  • « La diététique du Tao » Philippe Sionneau et Richard Zagorski, ed. Guy Trédaniel.
  • « Ces aliments qui nous soignent » Philippe SIONNEAU et Josette CHAPELLET, ed. Guy Trédaniel
  • Cours du Collège SFERE, Yves Giarmon.

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